L’épreuve unique d’écriture, langue d’enseignement, de 5e secondaire est administrée chaque année à près de 55 000 élèves du Québec. En mai 2018, dans le contexte de cette épreuve, les élèves ont rédigé une lettre ouverte d’environ 500 mots portant sur le défi actuel que représente la gestion des déchets.
Cette lettre ouverte était destinée au lectorat du recueil Pouvoir des mots diffusé dans le site Web du Ministère, qui a pour but de mettre en valeur des textes de qualité produits par des élèves de 5e secondaire. Ces textes reflètent les idées des jeunes Québécois sur le sujet traité dans l’épreuve unique. Ils ont été sélectionnés par les membres d’un jury soucieux de promouvoir la langue française en tant qu’outil de pensée, d’identité et de liberté.
Parmi les textes retenus figure celui de Noémie Rioux, qui a fréquenté l’école secondaire Louis-Jacques-Casault durant l’année scolaire 2017-2018. Félicitations, Noémie!
Voici son texte :
Au secours, j’ai mal!
« Depuis maintenant 200 000 ans que je vous donne la chance de vivre sur mes terres et de nager dans mes océans. Je vous donne la chance de voyager sur mes majestueux continents et d’élargir vos horizons. Je vous donne la chance de vous surpasser et de profiter de la vie. J’ai mis à votre disposition tout ce qu’il vous faut pour vous épanouir. Que faites-vous en retour pour moi, vous, les humains? Vous gaspillez mes ressources, vous rejetez des tonnes et des tonnes de déchets à ma surface comme si je vous appartenais, vous tuez mes animaux marins avec votre plastique et vous ne vous préoccupez pas suffisamment de ma santé. » Voilà ce que la Terre nous dirait si elle pouvait nous parler. Certes, il est grand temps d’agir, mais je ne crois pas que notre société est prête à changer ses comportements sur le plan environnemental, plus précisément à réduire sa production titanesque de déchets.
Tout d’abord, nous vivons dans une ère où la surconsommation est mondiale. De plus en plus de gens s’installent dans les villes, ce qui contribue à l’augmentation de l’urbanisation. « L’urbanisation crée de la richesse. Et si les gens s’enrichissent, ils achètent plus, et s’ils achètent plus, ils jettent plus de choses1 ». Comment pouvons-nous produire moins d’ordures si nous consommons plus? Rappelez-vous le Vendredi fou aux États-Unis. Notre société avare est éternellement insatisfaite de ce qu’elle possède déjà et en veut toujours plus. Nous, les humains, sommes influencés par notre propre nature. Je crois irréfutablement qu’il nous reste un bon bout de chemin à faire avant d’arriver à ce que toute la planète soit prête à réduire ses déchets. Qu’en pensez-vous?
Pour continuer sur ma lancée, il y a aussi le fait que le monde dans lequel nous vivons « est [organisé] de façon à favoriser le jetable2 ». Nous ne sommes plus à l’époque où nos grands parents réparaient les objets brisés. De nos jours, lorsque notre télévision ne fonctionne plus, nous embarquons dans notre automobile et nous allons au magasin en acheter une neuve. La vieille, elle, est jetée et abandonnée. Ce que nous oublions, c’est que c’est un déchet de plus dans la nature qui aurait facilement pu être évité avec seulement quelques efforts. Une autre chance qui vient de nous glisser entre les doigts de diminuer notre production de déchets et de donner un coup de pouce à notre belle planète.
Parlons maintenant des vraies choses. Les gouvernements se disent verts et préoccupés par l’environnement. Ils se disent prêts à lutter contre la production phénoménale de déchets. Mais le sont-ils vraiment? Je crois que ce n’est qu’une question de gros sous. « Même des firmes [de recyclage] officiellement reconnues par les autorités locales » sont prêtes à envoyer illégalement leurs déchets électroniques et électriques dans les pays pauvres qui ne possèdent pas les ressources nécessaires pour les gérer convenablement. Tout ça pour faire de l’argent3. Si les présidents et les ministres se souciaient vraiment de l’effet néfaste des déchets sur la nature et de l’importance de réduire la quantité produite, ils feraient des lois plus strictes et donneraient des amendes à ces entreprises. Je pense fort bien que nous ne sommes pas encore assez au bout du rouleau pour que les dirigeants agissent pour vrai. Avons-nous besoin de la fin du monde pour faire des changements et diminuer nos déchets?
En conclusion, pour atteindre notre objectif nous devrons mettre de nombreux efforts et changer nos habitudes de vie. Cela « passe par une réorganisation profonde de nos comportements et une prise en compte de leurs conséquences environnementales4. » La balle est maintenant dans votre camp. Voulez-vous que nos générations futures aient la chance de vivre sur la belle Terre que nous connaissons? Celle avec les océans bleus à perte de vue et l’air frais pour nos poumons ou celle où l’eau ne sera que du plastique, et l’air que des gaz nocifs? Un jour, nous devrons dire adieu à notre planète. Il reste à savoir si ce jour sera dans mille ans, cent ans, ou demain.
1. Mathieu GOBEIL, « Où produit-on le plus de déchets? La réponse en carte », Radio-Canada.ca, [En ligne], 3 juin 2016, mis à jour le 4 juin 2016. [http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/785168/dechets-carte-monde-pays-plus-environnement-recyclage-compost] (Consulté le 11 juillet 2017).
2. Hortense CHAUVIN, « Les rebelles des poubelles », Le Délit, [En ligne], 28 mars 2017. [http://www.delitfrancais.com/2017/03/28/les-rebelles-des-poubelles/] (Consulté le 11 juillet 2017).
3. Marc THIBODEAU, « Un problème planétaire », La Presse+, [En ligne], 9 juillet 2016. [https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/785168/dechets-carte-monde-pays-plus-environnement-recyclage-compost] (Consulté le 23 novembre 2017).
4. Hortense CHAUVIN, « Les rebelles des poubelles », Le Délit, [En ligne], 28 mars 2017. [http://www.delitfrancais.com/2017/03/28/les-rebelles-des-poubelles/] (Consulté le 11 juillet 2017).